« Alors c’est toi ma vraie maman ? » « Oui… Je suis désolée Kyah, mais je ne pouvais pas prendre soin de toi, alors je t’ai confiée à ta maman… » « C’est… Ce n’est pas grave. Je comprends, et je t’aime, maman… » Kyah s'écroula alors dans les bras de Chelsie comme une poupée de chiffon. Le bruit monotone d’un moniteur cardiaque qui indique un pouls inexistant se fait entendre dans la chambre où Kyah McLaughlin-Jones vient de rendre la vie que Chelsie lui avait donnée il n’y a même pas cinq ans. Chelsie, quant à elle, décide de s’accorder un moment à elle seule, un moment seul avec sa fille, puisque pour la première fois, elle se sentait la mère de cet enfant. Le problème était qu’il était trop tard, trop tard pour tout; Les médecins venaient d’entrer dans la chambre, obligeant Chelsie à se détacher du petit corps de Kyah et quitter la chambre, en larmes, les médecins ne voulant même pas la laisser voir ce qu’ils allaient faire puisqu’ils venaient de claquer la porte de la chambre sur elle une fois qu’elle fut sortie. « Mademoiselle ? » Chelsie tenta alors de se retourner, mais elle ne vit personne. C’était le noir complet à présent. Elle se tortilla quelque peu pour tenter de sortir de cet endroit fermé, ou du moins, ce qu’elle pensait être un endroit fermé, puis la même voix redit : « Mademoiselle, vous devez boucler votre ceinture, nous arrivons. » Chelsie ouvrit alors les yeux, tentant de dissimuler sa panique dès qu’elle constata qu’elle avait rêvé du décès de Kyah, de cette petite fille qui avait illuminé sa vie pendant cinq ans, pour la énième fois depuis que cela était arrivé. D’un sourire timide, elle s’exécuta, puis elle jeta un coup d’œil au hublot qui se trouvait à sa gauche, constatant qu’effectivement, Honolulu était maintenant bien en vue. Chelsie soupira alors, d’un souffle un peu saccadé, réalisant que ses vacances, ou du moins, ces dites vacances, commençaient dès maintenant.
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« Comment ça va, aujourd’hui ? » Chelsie prit place dans le fauteuil du psychologue, un petit sourire aux coin des lèvres, probablement le premier qu’elle esquissait depuis longtemps, trop longtemps. Le fait qu’elle répondit bien banalement : « Ça va. » sembla ravir le médecin, qui la regarda d’un air plutôt satisfait, tellement que la jeune femme en était limite gênée. Non pas que cela l’embêtait, bien au contraire, mais plutôt puisqu’elle espérait qu’il ne se faisait pas de fausses idées, ou plutôt, qu’elle ne lui en avait pas donné. Heureusement, il n’en fit pas tout un cas, et il reprit son sérieux dès que la demoiselle fut installée en face de lui. Il regarda un peu ses papiers, puis au bout de quelques secondes, il finit par lui dire : « À ce que je vois dans votre dossier, vos progrès sont excellents. » Chelsie eut alors un autre sourire timide; elle avait l’impression pendant un instant qu’elle se trouvait face à un directeur scolaire qui la félicitait pour ses bons rendements alors que ce n’était pas cela du tout. Lorsqu’il parlait de progrès, il parlait surtout de guérison, ou du moins, c’était ainsi que la jeune femme le voyait. Après, tant mieux si son dossier le faisait paraître. « Par contre, ce que je veux savoir, c’est si toi, tu te sens mieux. C’est l’essentiel. » La demoiselle aurait préféré s’en tenir aux explications de son dossier médical, mais apparemment, il faudrait qu’elle s’exprime, et ça, elle ne savait pas trop comment le faire, compte tenu qu’elle n’était pas une experte dans la matière. Elle hésita quelque peu, puis finalement, elle dit : « Je crois que oui, ça va mieux… » Puis, le psychologue lui posa la question qu’elle avait entendu trop souvent lors de sa présence en ces lieux. Elle dit alors, légèrement habituée : « Et bien… J’ai… J’ai cessé de faire des cauchemars. Ça fait environ trois jours que je dors toute la nuit sans me réveiller une seule fois. » Et juste ça, c’était énorme. En effet, depuis que Chelsie était arrivée à Honolulu, elle n’avait cessé de faire le même rêve sur le décès de Kyah, si bien qu’elle avait continué à s’enfoncer, encore et toujours, pour finalement devoir sombrer dans l’alcool pour se débarrasser de son mal. C’était à ce moment qu’elle avait choisi d’aller chercher de l’aide, et c’est là qu’elle en était aujourd’hui. Apparemment, elle avait eu raison de faire cela, puisque maintenant, elle était capable de dire, sans avoir nécessairement envie de s’écrouler : « Et j’ai parlé plus d’une fois du décès de Kyah en consultation de groupe, et j’ai pu aller jusqu’au bout. Ça me fait encore mal, certes, mais ça ne m’empêche plus d’avancer, et je ne ressens plus le besoin de me morfondre… » Pensant alors avoir fait le tour, Chelsie s’arrêta, juste à temps pour laisser le médecin noter quelque chose, et finalement dire : « Je crois alors que vous êtes prête à sortir. Je vais signer votre congé pour demain matin. » Même si c’était là une bonne nouvelle, Chelsie s’en sentait un peu nerveuse, puisqu’elle était bien loin d’être mentalement prête à quitter, à retourner vivre normalement. Pourtant, c’était là un nouveau chapitre de sa vie qui s’ouvrait à elle, et elle espérait juste pouvoir vivre avec plus facilement que ces derniers mois.
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